Quelques généralités
La calebasse (Lagenaria siceraria) est un fruit de la famille des Cucurbitacées (oui oui comme les courges !). Elle est également connue sous les noms de gourde, cougourde – ou encore cougourdon dans le pays niçois. Elle se cultive comme les courges : plante annuelle grimpante ou rampante – selon les préférences du jardinier, les semis se font au printemps et la récolte à l’automne.
Le saviez-vous ? Une fleur de lune.
Contrairement aux fleurs de courges – d’un jaune solaire qui s’épanouissent au petit matin, les fleurs de calebasses sont d’un blanc lunaire et ne s’épanouissent qu’à la tombée du jour.

Une fois séchées, les calebasses forment une coque dure, légère et résistante comme du bois qui est utilisée depuis des millénaires dans diverses cultures à travers le monde. Parmi ses multiples usages : récipients pour l’eau et les aliments, instruments de musique, ustensiles de cuisine, récipients de stockage, gourdes pour le stockage et transport d’eau…
Historiquement, la calebasse a été d’une grande importance pour de nombreuses civilisations, notamment amérindienne, mais aussi en Europe où elle était cultivée dès le Moyen Âge.
Sa culture et son usage sont encore aujourd’hui traditionnels en Amérique du Sud et en Afrique mais aussi à La Réunion, Guadeloupe, Martinique… Pratiquement oubliée dans le reste du monde, elle est tout de même réintroduite par de nombreux créateurs et artisans comme matériau pour créer des objets décoratifs, des luminaires, et des objets d’art uniques.

Qu’elles soient rondes, allongées, en forme de poire, de gourde, ou même dotées de cols étranges et de protubérances, chaque calebasse est unique, ce qui est un véritable atout pour la création artistique et artisanale. Elle permet de créer une multitude d’objets, tous singuliers et fidèles à leur forme originelle. Pour en découvrir plus sur le processus de création d’une lampe en calebasse, n’hésitez pas à consulter notre article dédié ➜ Conception d’une lampe calebasse
[L’autre calebasse : Le nom « calebasse » est aussi donné au fruit du calebassier (Crescentia cujete), un arbre qui pousse exclusivement dans les climats tropicaux. Bien que son fruit soit également utilisé par les artisans, il s’agit d’une espèce totalement différente.]
Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi la peau des calebasses devient, en séchant, dure et solide comme du bois sans jamais se décomposer, alors que nos potirons et autres courges pourrissent au bout de plusieurs mois ?
C’est une histoire de génétique !
Car même si tout ce petit monde appartient à la grande famille des Cucurbitacées, ils n’appartiennent pas au même genre : les courges classiques font partie du genre Cucurbita tandis que les calebasses, elles, font partie du genre Lagenaria.
Et c’est ce qui fait TOUTE la différence : les calebasses sont génétiquement programmées pour produire une grande quantité de lignine dans leur peau (comme le bois !), qui, au lieu de se décomposer avec le temps, durcit et sèche.

Explication technique pour les plus motivés : la question de l’ADN
Tout comme un chêne est génétiquement programmé pour fabriquer du bois dense et un rosier pour faire des tiges souples, la calebasse et la courge classique suivent des « instructions » génétiques différentes.
- La calebasse : Son ADN lui ordonne de produire une grande quantité de lignine dans la peau de son fruit au cours du séchage.
- La courge classique : Sa génétique favorise le développement d’une chair tendre et sucrée. Sa peau, bien que protectrice, contient très peu de lignine.
La Lignine : un des principaux composants du bois
La lignine est une molécule naturelle et l’un des principaux composants du bois. C’est elle qui donne aux arbres leur rigidité, leur imperméabilité et leur résistance à la décomposition. Lorsque la calebasse sèche le processus de lignification s’opère, les cellules de sa peau se chargent en lignine, créant une « coque » :
- Extrêmement dure et solide
- Imperméable à l’eau *
- Résistante aux moisissures et aux bactéries
La peau de la calebasse se transforme littéralement en un matériau de type bois, sec, léger, incroyablement robuste et durable. La peau des courges classiques, pauvre en lignine, reste perméable et fragile. Une fois le fruit mûr, les micro-organismes peuvent facilement la pénétrer et se nourrir de la chair riche en eau et en sucres, entraînant ainsi la pourriture.
En résumé, la nature a doté la calebasse d’une génétique unique. En séchant, elle ne fait pas que perdre son eau : elle construit une véritable coque de bois, conçue pour durer. C’est ce qui en fait un matériau fascinant et durable utilisé par l’humanité depuis des millénaires !
*la notion d’imperméabilité est tout de même à nuancer : peu de matériaux organiques sont réellement résistants à l’eau.
Même si la coque d’une calebasse est en l’occurrence très résistante, elle se comporte exactement comme du bois sec face à l’humidité de l’air. Alors comme pour n’importe quel meuble en bois une exposition prolongée et constante à un air très humide (comme dans une salle de bain) pourrait, sur le long terme faire travailler le matériau, altérer la finition, créer un terrain favorable à l’apparition de moisissures de surface et – point essentiel en ce qui concerne les lampes en calebasse, l’humidité et l’électricité ne font jamais bon ménage.
